Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La tête dans le sable
Visiteurs
Depuis la création 37 590
6 novembre 2007

Verdon Ultra Trail 100km 23 juin 2007

Préambule

J’ai terminé ce trail très éprouvant en 23h54. Sur environ 200 inscrits, il y en avait 160 au départ ...et 59 classés. Un Ultra à conseiller, mais il faut savoir qu’il n’y a que 25% environ du parcours "reposant", c’est à dire qui s’apparente à un parcours de sous-bois, le reste n’est que montées et descentes raides, ou chemins très caillouteux. Chaussures de trails indispensables et prudences.

Photo_013B

Introduction

Je me suis inscrit aux 100 km du Verdon  (ici l'ancien site) en début d’année. Au moment où j’écris ces lignes, mi-mai, je ne ressens pas encore d’appréhension. Je balise un peu quand même. Lorsque l’on se lance dans une telle aventure, le premier souci est de ne pas abandonner. "Est-ce que je vais arriver au bout, et surtout non "destroy", car comme je me suis dit au marathon de Paris "La mort plutôt que subir le déshonneur de l’abandon", des blagues que l'on se disait lorsque nous étions gamins. J’exagère bien sur, mais pour l’instant , je n’ai jamais abandonné, peut être je me provoque un peu.

Je ne fais pas de préparation spécifique.

 

Où j’en suis à mi-mai ?

 

18 mai Marathon de ROME
3h28, bien couru malgré la fatigue des jours précédents. J’étais voir Miossec que je conseille le vendredi soir avec en ouverture Constance Verluka qui sort son premier CD, pris l’avion au départ de Franfort-Hahn. Nous avons dormi dans la voiture, puis pris l'avion à 7h00, arrivée à Rome le samedi matin et balade jusqu’au soir. Superbe, je ne regrette rien. Il y avait Italie -Irlande au rugby, et certains bars étaient envahis par les maillots verts, très sympa les irlandais.
Je conseille ce marathon, passer place Navone, vers midi, à qques mètres des terrasses des cafés et des badauds à l’apéro, un vrai plaisir, peut être le plus beau souvenir. Habitants de l’Est, n’oubliez pas de visiter l’eglise Saint Nicolas des Lorrains, récemment restaurée, juste derrière la place Navone.

15 avril Marathon de PARIS
3h50 peut être la pire galère. Dans l’ordre je dirai le carbo cake que j’ai laissé dans les toilettes au 30km, la fatigue et la chaleur. J’ai assisté la veille au concert de Polnareff à Metz, debout de 18h à 24h, puis le train au depart de Nancy à 2h40. Comme je ne pouvais pas prendre de repas, j’ai mangé un ..@@ !! de carbo cake. Pas sérieux, je sais.

8 mai Nancy-Metz à la marche 63 km
Une ballade avec un ami d’enfance et mon amie. 14h de marche et nous terminons sur 10km à plus de 6km/h, à mon sens peut être même plus de 7km/h dont une partie en courant. mon amie Astrid qui n’est pas sportive avait peur de ne pas finir, elle a alors accéléré, et même couru. A ne rien comprendre.

Autres épreuves
17 mai - semi-marathon de Nancy (en pleine préparation)
27 mai - les Crapauds 24h de VTT en relais par équipe de 4 - Super
03 juin - Nancy - Epinal à la marche 70 km (J’ai fait cette marche à l’allure de 6km/h arrêts compris. Pas de difficultés, très bonne organisation, et balade agréable, les 5 derniers km, je les ai faits en courant)

Autrement, ce sera entrainement les mardi et jeudi avec mon club, samedi avec des amis, et le reste footing, balade à vélo, vtt. Je compte faire quand même 3 fois 3 heures d’effort, et tester mon sac à dos.

Le plus embêtant est que je suis en déplacement 3/4 jours à Paris la semaine du 4 au 10 juin, semaine où je voulais faire ma plus forte charge. Les deux semaines suivantes seront de la recup, pas de fatigue, je dois arriver très frais, de toute façon, 2 semaines avant la course les carottes sont cuites. Ce sera footing, balades à Vélo, j’adore me promener le long de la Moselle ou de la Saar en Allemagne, vraiment magnifique, tout est fait pour le vélo ; on circule sur site propre, il y a des auberges sympathiques, du bon vin (Ebling, Auxerrois) ou de la bière, et même des réparateurs de vélo sur les parcours. On part à bicyclette et on peut revenir en train sans problème. Nous avons en France plusieurs décades de retard dans ce domaine.

 

Le récit de la course

 

 

J-1 et préparatifs

Je suis parti de Nancy très tôt le vendredi 22 juin vers 2heures avec Arthur, le fils de mon amie qui m’accompagne. Nous sommes arrivés vers 12h au camping d’Aiguines.

ah050222037     ac050222003

Le temps d’installer la tente, et on se rend au bureau des inscriptions. Nous sommes parmi les premiers, le bureau ouvre à 13H, et il y a vérification du packetage, que j’avais oublié de préparer. Et il me manque bien sur la couverture de survie : petite contrariété, mais je m’en vais à Draguignan et je complète mon packetage obligatoire qui comprend : sifflet, lampe avec piles de rechange, couverture de survie, coupe-vent (indispensable), casquette, poche d’eau ou gourde, complément d’alimentation. Je récupère mon dossard, le numéro 27, me voila prêt. _ Je suis cependant fatigué par le voyage et j’ai les jambes enkilosées._ Un bon plat de pates, une douche et le debriefing à 20H, et Je me couche vers 21H. Je dors presqu’aussitot.

 

Le réveil et le départ

Le départ étant prévu à 4h00, je mets le réveil à 2h30. En fait je me réveille à 2h20, j’ai pris cette précaution pour prendre le temps de faire un brin de toilette (pas de douche pour ne pas ramollir la plante des pieds) et mettre mes lentilles. Un café vite fait, une compote, quelques céréales et je descends au lieu du départ, sur la place principale d’Aiguines._ Je suis en débardeur, et le vent froid m’incite à me revêtir rapidement de mon coupe-vent. Il doit faire aux alentours de 12-13C°. Nous sommes tous là attendre. On se fait enregistrer, il manque une trentaine de personnes à l’appel, certainement des étrangers qui ne comprennent pas le français. Par la suite sur le parcours, j’ai côtoyé des italiens de Gènes, des espagnols de Madrid, un anglais de Gersey et bien sur des français. Un petit café nous aurait fait du bien. Les retardataires se font enregistrer, un bref rappel des consignes, toutes les lampes frontales sont allumées et on part à 4h05._ Nous sommes 160 au départ.

 

1ère partie : le long du lac

On passe de 825m (altitude du départ) à 520m environ (le bord du lac). Il fait nuit, je cours très lentement. Par hasard, je me suis trouvé en début de peloton et je me fait doubler. Je garde cependant ma cadence, je ralentis même, je me dis que 100 bornes c’est long et dans le Verdon je devrais retrouver du monde._ Avec un groupe, nous nous égarons très vite. Le temps de retrouver dans le noir le parcours, nous avons bien perdu 20 mn si ce n’est plus. Je ne m’affole pas, je vois autour de moi de coureurs qui me semblent aguerris. Nous devons être le dernier groupe, je vois au loin le ballet des lampes frontales."pas de panique, me dis-je, surtout n’essaies pas de rattraper du monde, tu as le temps". Je n’aime cependant pas savoir qu’il y a peu de monde derrière moi, je crains un peu de me retrouver isolé dans la montagne, mais sans plus.
Ces 25km, la descente au lac, une partie le long du lac et la remontée vers Aiguines me prennent environ 2h30, je ne pensais pas mettre autant de temps. Je ne suis pas trop à l’aise je butte de nombreuses fois et me rattrape de justesse. Je commence à la fin de ce parcours à sentir mes jambes un peu lourdes et je me demande si je vais pouvoir aller au bout._ A Aiguines, je me ravitaille, eau et boisson, et la course va pouvoir commencer. Il y a au programme la montée vers le sommet du Grand Marges.

2ième partie : le Grand Marges, l’Imbut, le Vidal

La montée se fait facilement, je vais beaucoup mieux. J’arrive assez rapidement au sommet (1570m), puis j’entame la descente. Un concurrent espagnol qui s’était égaré me rejoint, nous échangeaons qques mots et il reprend sa route. Je vais d’un bon pas, mais visiblement il marche plus vite que moi. Je cours encore de temps en temps dans les légères descentes.

Puis nous entrons dans la forêt, la pente se fait plus raide. Un concurrent me dépasse à vive allure, je ne sais vraiment pas où je me situe dans le classement. Arrivée au ravitaillement, on me dit qu’il y a une boucle de 10km. Je ne comprend toujours pas. D’après ce que j’avais lu, on devait descendre vers le sentier de l’imbut. Je prends peu d’eau et je repars. Je vois de nombreux coureurs venir en sens inverse. En fait, les renseignements n’étaient pas bons, le ravitaillement était celui du 35km et certains bénévoles se trompaient. Nous sommes plusieurs à revenir qques heures après en rupture d’eau.

Nous passons par l'Imbut  l_Imbut Nous allons bien vers le sentier Vidal, je me sens de mieux en mieux. Je rencontre un autre espagnol, qui me demande de le prendre en photo, j’en ferai bien un quinzaine, tellement cela lui plait et le paysage est vraiment beau. J’ai entendu dire que l’année prochaine, cette partie, un peu aérienne, sera supprimée. J’apprécie pour ma part beaucoup, autant pour le paysage que pour l’aspect ludique : chemin de cable, echelle,..surtout lors de la remontée par le sentier Vidal. la plus belle partie du parcours._ Nous revenons à notre point de ravitaillement, et j’apprends qu’il y a 70 personnes derrière moi. Je suis surpris et rassuré à la fois. Je me retrouve donc à la 90ième place environ. Je repars pour une dizaine de km vers Aiguines à flanc de montagne. Nous progressons maintenant assez isolement. Je double une ou deux personnes et me fait doubler également. Je me réserve car la course ne fait que commencer.
Au ravitaillement d’Aiguines, j’ai dépassé la mi-parcours. Il est 14h environ et l’heure limite est à cet endroit 16H. Tout va bien. Il y a maintenant 90 personnes derrière moi. Je vois des concurrents qui parlent d’arrêter. Je décide à ce moment de ne plus courir et de me réserver pour les 50 derniers kilomètres._ et c’est la descente vers le pont de Galetas.

 

3ième partie : Le Batisdon, le refuge de la Maline, le Grand Margès

Je fais toute la descente seul, en trottinant très légèrement et je traverse le pont. Peu après un chemin assez large monte légèrement. Sur la partie plane, je me fais rejoindre par un habitant de Macon. Il marche bien et veut aller jusqu’au bout. Je suis un peu étonné de me faire rattraper car sans courir j’avance rapidement, je dois être à environ 6km/h. Cette partie sans être pénible est assez longue.

Après le bois des félines, nous arrivons au ravitaillement au bord du GR4 que nous allons emprunter. Et là il y a de nombreux concurrents qui ont abandonné et attendent la navette de retour. Il reste bien 40 km à faire. Je me sens encore assez bien. Une avant-derrière bonne montée se présente. Nous sommes à environ 650m et il faut monter jusqu’à 1250m.
Mon dernier compagnon s’élance avant moi, je le rattrape rapidement et je le vois à la peine. Je garde mon rythme et je vois la distance entre nous se rallonger. Je ne le perçois plus dans la pente qui est très raide et serpente à flanc de montagne. Le paysage est de plus en plus beau. Je rattrape encore deux personnes dans la montée, elles ont l’air très fatiguées . Bizarrement, ces concurrent me redoublent sur la partie plane, mais je ne les verrai cependant pas à l’arrivée.

J’arrive au ravitaillement à l'entrée du chemin du Batisdon. Il est à peu près 20H. Le refuge de Maline est à 9km me dit-on. Je m’engage seul et je ferai tout ce tronçon sans voir personne, ni devant ni derrière. Ce fut pour moi la partie la plus dure. Ce que je pensais être de la balade en descente, n’est que montées et descentes sur un chemin difficile. Et j’arrive enfin au refuge Maline passé 22H. Il faisait même nuit, j’avais allumé ma lampe frontale une demi-heure auparavant. J’apprends que je suis à la 50ième place environ, j’en reviens pas. Il y a encore 40 concurrents derrière moi. Je décide alors de continuer. Ce n’est pas tant la fatigue que me retrouver seul sur le Grand Margès qui me faisait réflechir.
Je vois au loin  sur l’autre versant des frontals. Je descends le sentier Martel dans la nuit noire jusqu’a la passerelle. Je suis tout à fait seul et j’en suis même heureux, j’apprécie d’autant plus, j'oublie que je suis en train de faire une course. A un ravitaillement "sauvage" je retrouve un italien, qui me suis qques kms. J’arrive enfin au dernier ravitaillement. Nous sommes à plus de 900m d'altitude et il y a le Grand Margès à gravir avant de terminer. Au refuge de la Maline, on m’a rappelé de faire attention, le sentier est pendant qques mètres au bord d’une falaise.

Je me fais ratrapper à ce dernier ravitaillement par un groupe de 3 personnes. Je m’attarde un peu pour passer un coup de fil à mon amie et me lance dans la montée, dans le lieu "La grande Forêt"_ Je rattrape assez vite le groupe, un des membre avance plus lentement. A la sortie de la Grande Forêt, je progresse sur le plateau du Grand Marges. Je m’égare plusieurs fois et finalement je me joins au groupe. Il (re)connaisse le parcours beaucoup plus facilement que moi dans la nuit et je me cale sur le dernier. Il y a peu de repères, que de la caillasses, et quelques buissons auxquels la rubalise attachée  flotte dans le vent. Il faut tirer tout droit, je me compliquais inutilement. Le vent est froid, on a revêtu depuis un bon moment le coupe-vent, ne pas l'oublier, ce serait une grave erreur si on compte courir de nuit.La progression est lente et enfin nous arrivons au sommet. Je fais attention maintenant, je sens le vide et vois le trou noir sur la droite, le long du sentier. J’ai hate de quittter cette partie pour me sentir plus détendu.
Le ciel est parfaitement étoilé, j’ai même pu voir des étoiles filantes. S’il avait été possible j’aurais progressé sans ma frontale tellement le ciel illuminé par les étoiles est envoutant_ La zone délicate( il faut simplement faire attention de ne pas trébucher) assez courte, et  passée, il ne reste plus qu’a descendre. Je vois Aiguines, je me dis que c’est gagné. Je n’ai pas de batons contrairement au groupe et je joue plusieurs fois l’équilibriste, ce qui n’est pas simple vue l’état de fatigue. Je constate dans la descente que les branches de buis sont bien plus solides que celles du chêne. Heureusement que j’avais pensé prendre mes gants de cycliste pour m’y accrocher._ Nous nous faisons rejoindre par un couple, toujours en bâtons, avec lequel je m’étais égaré en début de course. Ils progressent très aisément et ont l’air en assez bonne forme._

 

L’arrivée

Nous arrivons enfin à Aiguines au dessus du camping, il reste 500m. Je me laisse alors distancer, il me restait assez force pour foncer, mais je préfère téléphoner à mes proches restés en Lorraine. Il est presque 5 heures du matin et le jour se lève. Je termine les 100km en 23h54. Je pousse un long soupir, je serre les poings, j’y suis arrivé. Je pars me faire soigner mes ampoules et masser. Je suis 52ième sur 59 arrivants.
Je referai ce genre de trail, c’est un vrai plaisir de le terminer. Je prendrai cependant un appareil photo et peut être des batons. En tout cas pour ceux qui veulent faire ce trail, une reconnaissance du parcours sur carte IGN et un altimètre sont à mon sens indispensables pour gèrer au mieux sa course.  L’année prochaine j’envisage le Cro-Magnon ou le marathon des sables, pour l’instant repos.

Publicité
Publicité
Commentaires
La tête dans le sable
Publicité
La tête dans le sable
Archives
Newsletter
Publicité